Deux femmes issues d’une communauté autochtone d’Amérique latine se tiennent debout, côte à côte, face caméra, au milieu d’une forêt, et arborent un large sourire.

Égalité des genres et autonomisation des femmes

Photo : © ONU-Femmes/Ryan Brown

Valeurs universelles

 

Principe 3 : Égalité des genres et autonomisation des femmes

Le travail de promotion de l’égalité femmes-hommes va au-delà de l’exercice purement technique. C’est un travail politiquement complexe à mener qui vise à façonner des comportements et des décisions politiques qui adhèrent au principe d’une distribution équitable des ressources entre les femmes et les hommes d'une part et entre les filles et les garçons d'autre part. Il s’agit d’appréhender l’impact des normes sociales et des structures de pouvoir sur la vie des différents groupes d’hommes et de femmes et sur les opportunités auxquelles ils et elles sont susceptibles d’accéder. Pour mieux cibler les interventions dans ce domaine, il est important de comprendre qu’hommes et femmes d'une part et garçons et filles d'autre part ne sont pas égaux face à la pauvreté et n'ont pas les mêmes obstacles à surmonter pour pouvoir accéder à des services, à des ressources économiques, ou à la possibilité de s'engager dans la vie politique. Néanmoins, les rôles que la société attribue aux femmes et aux hommes ne sont pas figés, pas davantage que les relations entre les femmes et les hommes : celles-ci évoluent en fonction des circonstances. Si l’on veut atteindre les cibles de l’ODD relatif à l’égalité femmes-hommes et réaliser le Programme 2030, la question de l’égalité entre les sexes doit être placée au centre du travail de programmation et de production d’analyses. À moins d’une très large prise en compte des questions de genre dans les politiques publiques, il sera très difficile d’atteindre plus rapidement le reste des ODD.

Réaliser l’égalité femmes-hommes permet d’atteindre un niveau de développement plus élevé et plus soutenable. La question de l’égalité femmes-hommes n’est pas qu'une question morale et sociale urgente à résoudre : c’est aussi une question économique d’une importance capitale. Si les femmes, qui représentent la moitié de la population active dans le monde, ne réalisent pas leur plein potentiel économique, l’économie mondiale en pâtira. De fait, si les femmes bénéficiaient des mêmes traitements que ceux réservés aux hommes sur le marché du travail, le PIB mondial annuel pourrait augmenter de 28 milliards de dollars d’ici à 2025, ce qui représenterait une hausse de 26%. L’inégalité entre les femmes et les hommes a par ailleurs des conséquences indirectes sur l'investissement et sur la croissance démographique. Ainsi, l’écart de 0,4 à 0,9% estimé entre le taux de croissance en Asie de l’Est et le taux de croissance en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et au Moyen-Orient est dû à une plus forte prévalence des inégalités entre les filles et les garçons dans l’éducation dans ces trois dernières régions. En outre, l’inégalité entre les sexes dans l’éducation freine la réalisation de progrès en matière de réduction du nombre de grossesses non désirées et d’abaissement des taux de fécondité et des taux de mortalité infantile et juvénile, qui restent élevés. Or, ces derniers éléments compromettent le bien-être de la société dans les pays concernés. De même, les sociétés où les femmes sont encouragées à occuper des postes de premier plan en politique affichent une représentation plus équilibrée des sexes dans les établissements scolaires et sont globalement plus paisibles et équitables. De fait, un nombre croissant de données empiriques suggèrent que dans les sociétés où le niveau d’inégalité entre les sexes est plus élevé, le risque de survenue de conflits internes est lui aussi supérieur.

Légende: Des femmes rurales libanaises développent des activités économiques qui permettent en même temps de sauvegarder l'environnement localement. Produit par ONU-Femmes/Le Fonds pour l'égalité des sexes.


L'application d'une stratégie de prise en compte systématique des questions de genre en vue d’atteindre l’objectif de l’égalité femmes-hommes fait partie du mandat qui a été confié au système de l'ONU depuis l’adoption du Programme d’action de Beijing (1995) et des conclusions 1997/2 par le Conseil économique et social (ECOSOC 1997/2). Ce mandat a été par la suite décliné au niveau des principaux champs d’intervention du système de l’ONU. Le Conseil économique et social a défini la stratégie de prise en compte systématique des questions de genre comme une "stratégie visant à intégrer les préoccupations et les expériences des femmes aussi bien que celles des hommes dans les processus d'élaboration, de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation des politiques et des programmes déployés dans tous les domaines - politique, économique et social - de sorte que les femmes et les hommes puissent exercer les mêmes droits et que l’inégalité ne puisse plus se perpétuer. L'intégration des questions de genre peut se faire aussi bien à travers des interventions ciblées que par la mise en œuvre d'initiatives intégrées". En savoir plus sur la prise en compte des questions de genre

L'engagement de l’ONU en faveur de la réalisation d’une parité femmes-hommes à l’échelle du système s’appuie sur un cadre législatif et institutionnel solide qui a été élaboré et continuellement renforcé depuis la création de l'ONU, en 1945. Ce cadre normatif comprend la Charte des Nations Unies, la Commission de la condition de la femme, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, les résolutions de l’Assemblée générale, la Déclaration de Beijing et le Programme d'action de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, ainsi que, plus récemment, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 (Programme 2030). Plus d’informations sur le cadre normatif de l’ONU en la matière sont disponibles ici

En outre, deux mécanismes internes de responsabilisation ont été instaurés :

  • Le Plan d'action à l'échelle du système des Nations Unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (“ONU-SWAP 2.0”). Ce plan fournit un cadre de responsabilisation qui établit des normes concertées et définit des approches coordonnées pour chaque entité du système de l’ONU. Le système de notation comprend cinq niveaux et permet à l'entité de l’ONU concernée d’évaluer elle-même le niveau des progrès qu'elle réalise pour chaque indicateur, de faire état de ses avancées et de progresser peu à peu vers un excellent niveau de performance. À ce titre, le système de notation est conçu pour aider à promouvoir la prise d’initiatives et l’élaboration de nouvelles orientations et pour renforcer la cohérence des actions entreprises.
     
  • La Feuille de résultats UN-SWAP des équipes de pays des Nations Unies relative à l'égalité des sexes et à l'autonomisation des femmes. Il s'agit d'un outil standardisé destiné à permettre l’autoévaluation, au niveau de chaque pays, des pratiques d’intégration des questions de genre et des performances réalisées en la matière. C’est un outil qui vise à responsabiliser les cadres de catégorie supérieure et à améliorer les résultats obtenus par les équipes de pays. Conçu à partir d'une série d’indicateurs, l'utilisation de cet outil implique l'élaboration d'une réponse de la part de la direction, réponse qui peut ensuite servir de feuille de route pour la prise en compte des questions de genre dans le cadre de l’élaboration du Plan-cadre de coopération. 

Faire en sorte que la réforme de l’ONU prenne en considération la question de l'égalité des genres. Dans les Directives relatives au Plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable, la question du genre est identifiée comme l’un des six principes devant régir l’élaboration des programmes onusiens. La note complémentaire relative aux principes de programmation fournit aux équipes de pays des Nations Unies des orientations sur la façon d’intégrer les questions de genre dans le processus de coopération. Pour connaître le détail de la méthodologie, connaître les bonnes pratiques à appliquer et trouver des outils pratiques et des exemples pour chacune des étapes à respecter, veuillez vous référer au Manuel de référence pour la prise en compte des questions de genre dans la programmation conjointe de l’ONU au niveau des pays (2019). 

 
Les groupes thématiques des Nations Unies sur l'égalité des sexes devraient être considérés comme des "moteurs essentiels du changement et de l’amélioration des interventions des équipes de pays des Nations Unies s'agissant de la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes au niveau national". La version actualisée du Guide de référence à l’usage des groupes thématiques sur l'égalité des sexes est un document indispensable à consulter pour apprendre à mettre en place cet instrument et à le consolider au fil du temps.