Intensifier les efforts d’élimination du dioxyde de carbone pour atteindre les objectifs climatiques

En amont de la COP 26, dont le coup d'envoi a été donné le 31 octobre 2021, un Dialogue de haut niveau sur l'énergie a été convoqué par le Secrétaire général des Nations Unies le 24 septembre 2021 sous le thème "Accélérer les efforts en vue d’atteindre l'ODD7 à l’appui du Programme 2030 et de l'Accord de Paris".
Premier rassemblement mondial exclusivement consacré à l'énergie depuis la Conférence des Nations Unies sur les sources d'énergie nouvelles et renouvelables qui s’est tenue en 1981, ce Dialogue a offert une occasion historique de promouvoir l'accélération des mesures engagées pour développer une énergie propre et au coût abordable pour tous d'ici à 2030 (ODD7) et pour réaliser l’objectif d’émissions nettes de carbone égales à zéro (ODD13) d'ici à 2050.
La veille de ce Dialogue, les Secrétaires exécutives des cinq commissions régionales de l'ONU* ont publié une déclaration commune appelant à une coopération régionale renforcée en vue de développer des solutions fondées sur la nature et des solutions technologiques permettant de capturer le CO2 émis dans l'atmosphère et d’assurer son stockage à long terme :
Il ne nous reste plus beaucoup de temps pour éviter une catastrophe climatique. Les nations de ce monde ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs ni à honorer leurs engagements en matière de production d'énergie durable. Le récent Rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) nous indique que le changement climatique est "généralisé, rapide et [qu’il] s'intensifie". Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a qualifié ce rapport d’"alerte rouge pour l'humanité".
Avant toute chose, nous devons protéger nos précieux puits de carbone, qui englobent les forêts, les océans et les zones humides.

Deuxièmement, si les pays de ce monde veulent atteindre les objectifs de développement durable (ODD) qu’ils se sont fixés d’un commun accord, alors il est essentiel qu’ils éliminent du dioxyde de carbone. L'élimination du dioxyde de carbone repose sur des approches fondées sur la nature, comme le reboisement, ainsi que sur des approches fondées sur la technologie, comme le captage des émissions de dioxyde de carbone au niveau des centrales électriques en vue de leur stockage dans le sous-sol ou de leur réutilisation.
Tous les pays doivent se fixer des objectifs clairs en matière de décarbonation. En outre, les gouvernements et les responsables politiques doivent disposer des moyens requis pour être en mesure d’appuyer la mise en œuvre immédiate d’objectifs ambitieux d'élimination du carbone.

Les pays développés doivent mettre un prix juste sur les stocks de carbone que renferment les forêts tropicales et les tourbières - notamment celles d’Amazonie et du Bassin du Congo - ainsi que les océans et les écosystèmes de mangroves et de récifs coralliens, car ces stocks de carbone sont des biens mondiaux. Ils doivent également soutenir les efforts visant à accroître la capacité de stockage de ces puits de carbone, qui risquent de devenir des sources de carbone en raison de la dégradation croissante des terres, elle-même due au changement climatique.
Si les pays doivent continuer à viser des objectifs plus ambitieux en matière de réduction de leurs émissions dans le cadre de l'Accord de Paris, les données montrent que les combustibles fossiles continueront, d'une façon ou d’une autre, à faire partie du bouquet énergétique dans de nombreux pays durant les années à venir. Certains secteurs, comme ceux du ciment, de l'acier et du fer, ou encore celui des transports, ne peuvent pas être facilement décarbonés.

Les nations doivent instaurer des conditions favorables à la réalisation d’investissements dans des projets d'élimination du dioxyde de carbone et élaborer les cadres juridiques, financiers et réglementaires requis à cet effet en collaboration avec les institutions du secteur bancaire et du secteur des d’infrastructures.
Les nations industrialisées doivent sans plus attendre moderniser leurs infrastructures. Dans les régions côtières, il est possible de renforcer le recours à des solutions fondées sur la nature, telles que le développement de mangroves, afin de se rapprocher de l’objectif d'émissions nettes de dioxyde de carbone et d'atténuer les effets des phénomènes météorologiques extrêmes. Par ailleurs, la levée des brevets sur les technologies climatiques de nouvelle génération pourrait faciliter la réalisation d’investissements dans des projets de modernisation des infrastructures énergétiques mondiales.

L'élimination du dioxyde de carbone n'est pas universellement reconnue comme étant une approche viable pour l'atténuation des effets du changement climatique. Les commissions régionales des Nations Unies peuvent jouer un rôle déterminant en réunissant les parties prenantes autour de cette question pour leur permettre, d’une part, de combler les lacunes actuelles en termes de connaissances et de gouvernance en tenant compte des contextes régionaux et nationaux et, d’autre part, d’examiner les implications sur chaque région d'une action mondiale en matière d'élimination du dioxyde de carbone ainsi que les arbitrages spécifiques qu’une telle action nécessiterait au niveau de chaque région.
L’échange de bonnes pratiques entre les nations en matière d'élimination du dioxyde de carbone multiplie les opportunités de créer des moyens de subsistance durables et inclusifs.
Dans les pays en développement, les mesures d'élimination du dioxyde de carbone, qu'elles s’appuient sur des solutions fondées sur la nature ou sur la technologie, doivent là aussi être exploitées pour contribuer à fournir aux populations des moyens de subsistance durables qui peuvent permettre d’accélérer la réalisation des ODD.

Les pays doivent adopter un modèle d'économie circulaire pour traiter la question du carbone afin d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050 et des émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) nulles d'ici à 2060-2070, de manière à maintenir le niveau du réchauffement climatique à 1,5 ℃. Une bonne compréhension des contributions potentielles des méthodes d'élimination du dioxyde de carbone, qu’elles soient naturelles ou technologiques, permettrait d’argumenter l'appel à une transformation radicale des modes de production et de consommation.

S’agissant des changements systémiques que nous devons introduire dans notre vie quotidienne, il faut que la construction de bâtiments à haute performance qui réutilisent le dioxyde de carbone qu’ils émettent se généralise, que des engagements plus forts soient pris en matière de gestion du méthane et que les contrats de gestion des ressources intègrent à la fois les questions sociales, environnementales et économiques. Les mesures prises dans ce sens permettront de prendre en compte les aspirations relatives à la qualité de vie dans la gestion de l'environnement et offriront ainsi la possibilité de s’adapter au changement climatique et d’en atténuer les effets.
Le renforcement de la gouvernance en matière d’élimination du dioxyde de carbone pourrait offrir une excellente occasion d’harmoniser et de faire converger les efforts régionaux et internationaux visant à mettre en place une économie à carbone circulaire mondiale. Si nous conjuguons nos efforts, nous pouvons faire en sorte que l'élimination du dioxyde de carbone devienne une des composantes clés d’une politique climatique qui repose sur des solutions viables pour nos régions, aujourd'hui et dans les décennies à venir.
Visionnez la vidéo intitulée "Challenges and Opportunities for Harnessing Climate & Sustainable Development Goal Synergies : the role of Carbon Dioxide Removal" (en français : "Opportunités et défis liés à l'exploitation des synergies entre action climatique et objectifs de développement durable : le rôle de l'élimination du dioxyde de carbone"), une manifestation parallèle organisée en marge au Dialogue de haut niveau des Nations Unies sur l'énergie.
Retrouvez les vidéos d’autres manifestations organisées dans le cadre du Dialogue de haut niveau sur l'énergie en vous rendant sur le site de la TV Web de l’ONU à cette adresse.
(*) La CEE, la CEA, la CESAP, la CEPALC et la CESAO sont toutes des organisations membres du Groupe des Nations Unies pour le développement durable.
La version originale de ce blog a été publiée en anglais sur le site de CEE (sans les photos) le 23 septembre 2021. L'introduction a été partiellement modifiée par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD) à des fins de rediffusion. Article traduit en français par le BCAD. Pour connaître les résultats de nos activités dans ce domaine et dans d'autres, consultez le Rapport 2021 de la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le BCAD.