Afrique : La Vice-Secrétaire générale de l'ONU exhorte les coordonnateurs résidents à utiliser au maximum leur capacité de rassemblement pour sauver les ODD
KIGALI, Rwanda - La Vice-Secrétaire générale de l'ONU a exhorté les coordonnatrices et coordonnateurs résidents représentant l’ONU dans toute l'Afrique à transformer les défis majeurs et très divers auxquels le monde fait face en opportunités, en tirant parti de leur capacité à rassembler tous les acteurs en vue d’aider les pays qu’ils servent à opérer les transformations nécessaires pour "sauver les objectifs de développement durable (ODD)".
À l’issue de la cérémonie d'ouverture de la huitième session du Forum régional africain sur le développement durable qui s’est tenue jeudi, Amina J. Mohammed a rencontré des coordonnatrices et coordonnateurs résidents venus de tout le continent pour se réunir à Kigali, au Rwanda.
Cette réunion annuelle a été l'occasion d'identifier les priorités communes, les problèmes à résoudre et les moyens à mettre en œuvre pour résoudre ces problèmes, dans l’optique de réaliser les ODD au cours de la Décennie d'action et de concrétiser l'Agenda 2063 porté par l'Union africaine.
"Maintenant, la question centrale pour nous est de savoir comment nous allons sauver les ODD et comment nous allons emmener le système des Nations Unies avec nous. Votre rôle de coordination et de rassemblement va donc être mis à contribution de façon significative", a déclaré Mme Mohammed.
S'adressant aux 29 coordonnatrices et coordonnateurs résidents présents physiquement au Centre des conventions de Kigali ainsi qu’à leurs homologues qui participaient à la réunion à distance, Mme Mohammed a abordé toute une série de problématiques émergentes auxquelles l'Afrique est confrontée.
S’agissant de la pandémie de COVID-19, elle a alerté sur le fait que l'Afrique prendrait du retard sur les autres continents en termes de relèvement tant que toute sa population ne serait pas vaccinée. Elle a, à cet égard, souligné l’absence d'équité vaccinale. Elle a également évoqué la question des écarts croissants en matière de connectivité numérique, la crise de la dette imminente, les progrès trop lents en matière d'égalité des sexes et le fait que l'Afrique se trouve en première ligne de la crise climatique.
Mme Mohammed s'est par ailleurs inquiétée des tensions politiques, économiques, ethniques et sociales que connaît le continent, en indiquant que ces tensions sont alimentées par les inégalités et génèrent plus de violations des droits de l'homme, plus de violence à l’égard des femmes, plus de conflits armés et plus de terrorisme, entre autres manifestations de l’instabilité politique.
En outre, elle a rappelé que le rythme actuel des progrès réalisés en Afrique n’est pas assez rapide pour que le continent atteigne les ODD d'ici à 2030, précisant que le continent a régressé sur l'ODD 13 relatif à l'action climatique ainsi que sur l'ODD 16 relatif à la paix, à la justice et au renforcement des institutions.
La Vice-Secrétaire générale de l’ONU a toutefois souligné à quel point il est important de considérer chacun de ces défis comme une "énorme opportunité". "Nous avons les solutions. Nous avons les interventions de l'ONU. Nous avons l'expertise. Nous avons l'effet de levier et la capacité de rassemblement qui, ensemble, peuvent nous sortir de bon nombre de ces situations", a-t-elle nuancé.
Les réformes engagées par l'ONU ont permis d’introduire des outils de planification stratégique que les coordonnatrices et coordonnateurs résidents peuvent utiliser pour appréhender la manière dont on voit les choses dans le pays qu’ils servent et traduire cette manière de voir en programmes qui permettent de faire avancer le travail collectif des membres de l’équipe de l'ONU en place vers la réalisation d’une stratégie de développement internationale et nationale.
Mme Mohammed a plus spécifiquement demandé aux coordonnatrices et coordonnateurs résidents, en leur qualité de plus haut(e)s représentant(e)s du Secrétaire général au niveau des pays, d’identifier des points d'entrée qui permettent de plaider pour la réalisation de plus d'investissements dans les secteurs clés de l'économie africaine, afin que ces investissements produisent un effet multiplicateur qui aide à lutter contre les inégalités et facilite le traitement des questions relatives au genre, aux droits des femmes, aux enfants et au chômage des jeunes.
"Nous devons distribuer des méga-dividendes pour les investissements que nous réalisons sur ce continent grâce à notre action ; et je pense que nous pouvons y parvenir", a-t-elle déclaré.
S’agissant des priorités à prendre en compte cette année, Mme Mohammed a appelé les coordonnatrices et coordonnateurs résidents à continuer à œuvrer pour la construction de synergies entre l’action humanitaire de l’ONU, ses interventions en matière de développement durable et le travail qu’elle effectue sur le plan de la consolidation de la paix, ces synergies permettant de sauver des vies et de préserver des moyens de subsistance.
Alors que les équipes de pays de l’ONU présentes dans 19 pays africains élaborent cette année de nouveaux Plans-cadres de coopération des Nations Unies pour le développement durable, Mme Mohammed a indiqué que l’autre priorité était de montrer que l’ONU avait renouvelé sa volonté d’aider les gouvernements à relancer la mise en œuvre des ODD par l'élaboration de ces plans-cadres de coopération et que son action, à cet égard, avait gagné en pertinence.
Le Sous-Secrétaire général et Directeur du Bureau des Nations Unies pour la coordination des activités de développement (BCAD) Robert Piper, qui participait à cette réunion à distance, a tiré la sonnette d'alarme en alertant contre les graves conséquences de l'offensive russe en Ukraine pour le continent africain. Selon lui, en effet, le choc soudain que va provoquer cette crise devrait générer des turbulences au niveau des prix des matières premières et des systèmes bancaires, aggraver la crise de la dette et provoquer des perturbations fiscales et bien d’autres conséquences encore.
Yacoub El-Hillo, le Directeur régional du BCAD pour l'Afrique a quant à lui déclaré : "Dans le contexte des réformes engagées par l’ONU et dans le cadre du système de l’ONU, s'il existe un groupe d'acteurs qui assume la responsabilité du leadership, c'est bien ce groupe. Nous avons le contingent des coordonnateurs résidents". En tant que modérateur de la réunion, M. El-Hillo a encouragé toutes les coordonnatrices et tous les coordonnateurs résidents à partager collectivement les enseignements qu’ils/elles ont tirés de leur action avec leurs autres homologues, en particulier en ce qui concerne la nouvelle génération de plans-cadres de coopération, sachant que 17 équipes de pays de l’ONU présentes en Afrique ont déjà commencé à mettre en œuvre leur plan-cadre de coopération en 2021.
De son côté, le Coordonnateur résident de l’ONU au Kenya, Stephen Jackson, a insisté sur le fait que, pour lutter contre les inégalités, le plan-cadre de coopération doit être élaboré sur la base d’une Analyse commune de pays solide et d’une étude des moyens à mettre en œuvre pour que "personne ne soit laissé pour compte". "Nous devons identifier par une analyse détaillée les sphères sur lesquelles les inégalités ont un impact. Cette analyse doit être fondée sur des données, être réalisée en temps réel et être mise à jour en permanence", a-t-il précisé.
Pour sa part, s'exprimant sur les possibles moyens d'action en matière climatique, Catherine Sozi, la Coordonnatrice résidente de l’ONU en Éthiopie a mis l’accent sur le fait qu’il est essentiel de tirer parti des passerelles entre action humanitaire, interventions en matière de développement durable et consolidation de la paix, en travaillant avec les partenaires de l’ONU pour contribuer au renforcement de la résilience, y compris pendant la crise actuelle. "Notre objectif est de veiller à ce que le plan de reconstruction, de réhabilitation et de relèvement à grande échelle du gouvernement pour le nord de l'Éthiopie intègre les principes de l’approche consistant à "reconstruire sur de meilleures bases" afin que personne ne soit laissé de côté", a-t-elle soutenu.
Interrogé sur les mesures de prévention à prendre pour faire face au coût d’une insécurité croissante qui éclipse les avancées réalisées en matière d’ODD au prix d’efforts considérables, Anthony Ohemeng-Boamah, le Coordonnateur résident de l’ONU n Mauritanie, a expliqué qu’il fallait promouvoir des sociétés plus pacifiques et plus inclusives. "Nous devons travailler sur le front de la justice et nous devons faire en sorte que les institutions soient responsables et inclusives à tous les niveaux", a-t-il estimé.
En tant que Coordonnatrice résidente de l’ONU en Égypte, pays où la COP 27 - la conférence africaine sur le climat - doit se tenir en novembre 2022, Elena Panova a indiqué pour sa part qu’il fallait saisir cette opportunité pour passer des promesses à l'action en examinant la manière dont les promesses sont tenues sur le terrain et en présentant des solutions pour lutter contre le changement climatique sur le terrain.
Après avoir écouté plusieurs autres coordonnatrices et coordonnateurs résidents s’exprimer sur un large éventail de sujets jugés prioritaires pour une accélération significative de la mise en œuvre des ODD, Mme Mohammed a indiqué que le rapport du Secrétaire général sur le programme baptisé "Notre programme commun" allait servir, d’une part, à "insuffler l’énergie nécessaire pour faire redémarrer le Programme 2030 et l'Agenda 2060" en stimulant la mise en œuvre de ces deux programmes et, d’autre part, à collecter annuellement des données sur les résultats obtenus.
Article produit à l'origine en anglais et traduit en français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Pour en savoir plus sur le système redynamisé des coordonnatrices et coordonnateurs résidents de l’ONU, consultez la section dédiée du dernier rapport de la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le BCAD.














