Avec "gentillesse et honnêteté": En Moldova, des médiateurs facilitent l'inclusion des Roms dans les communautés locales

En Moldova, la majorité des familles roms vivent dans la pauvreté et n'ont pas accès aux services publics de base. Ces dernières années, la situation s'est encore détériorée, exacerbée en grande partie par la pandémie de COVID-19.
La nécessité d’apporter urgemment une aide aux familles roms vulnérables et de trouver des solutions à leurs problèmes a donné naissance à un nouveau type d'action humanitaire en Moldova : la médiation communautaire, un outil puissant qui contribue à surmonter les différences et à résoudre les conflits entre les personnes, les groupes et les organisations.
L'institution des médiateurs de la communauté rom est l'une des associations qui travaillent le plus efficacement en Moldova pour promouvoir l'inclusion des Roms et favoriser leur intégration dans la société. En 2004, l'Institution a contribué à former le premier réseau de facilitateurs et de médiateurs sur la rive droite du fleuve Dniestr. Ce réseau a aidé de nombreuses familles roms à obtenir leurs papiers d'identité et a veillé à ce que leurs enfants soient inscrits à l’école ou à la maternelle.
En 2021, inspiré par ce que le réseau a réussi à réaliser, le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) en Moldova, avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a décidé de créer une nouvelle institution de médiateurs pour la communauté rom, cette fois, sur la rive gauche du Dniestr.
L’équipe de l’ONU en Moldova s'est entretenue avec Serghei et Inga, qui travaillent tous deux comme médiateurs dans leur communauté et ont fait part à l’équipe de l’ONU des joies que leur procure leur mission de renforcement de la cohésion communautaire et des difficultés qu’ils rencontrent parfois pour mener à bien cette mission.
"Pour faire simple : j'aide nos familles roms à faire valoir leurs droits humains"
"J'ai appris l'existence de l'Institution des médiateurs pour la communauté rom il y a quelques années à l’occasion d'une formation sur les droits de l'homme organisée par le Bureau du HCDH en Moldova. Je voulais vraiment aider ma communauté, à Novaya Andriyashevka. Alors j'ai participé à de nombreux ateliers, j’ai assisté à des formations et j'ai appris de nouvelles choses. Et lorsqu'un concours pour le poste de médiateur a été ouvert, j'ai décidé d'y participer et j'ai été sélectionné. … ? Aujourd'hui, j'essaie de résoudre les nombreux problèmes auxquels notre communauté rom est confrontée et d'aider les familles roms à faire valoir leurs droits fondamentaux."
Chaque jour, Serghei aide les familles roms vulnérables de sa communauté à s'en sortir : il fournit du bois de chauffage à ceux qui n'en ont pas et aide les enfants à s'inscrire à l'école. Être médiateur signifie souvent aussi servir de "pont" entre les communautés défavorisées et les autorités locales, explique-t-il.
"Lorsqu'il a fallu résoudre le problème de l'éclairage public et de la remise en état des écoles, je suis allé directement voir l'administration locale. Je n’ai pas arrêté d’expliquer aux responsables locaux que la situation, à ce moment-là, avait des conséquences négatives sur les enfants car elle compromettait leur scolarisation".

Finalement, les autorités locales ont répondu favorablement à sa requête : l'école est en cours de remise en état et l'éclairage public est en train d’être réparé dans plusieurs villages.
Selon Serghei, la communauté a déjà constaté des changements positifs grâce à la médiation communautaire : davantage d'enfants roms vont désormais à l'école primaire ou au jardin d’enfants, les familles vulnérables reçoivent l'aide sociale dont elles ont besoin et il y a moins de personnes sans papiers d'identité ou justificatif de domicile.
"Je considère que c'est un succès très important", estime Serghei.
"Tout le monde se sent à l’aise pour parler lorsqu’un médiateur intervient"
Un nombre important de communautés roms vivent aussi à Nakhalovka, un quartier de la ville de Tiraspol, dans le sud-est de la Moldova. Inga, qui travaille sur un marché local, était déjà active au sein de sa communauté depuis quatre ans avant qu’elle ne s'inscrive au programme de formation du HCDH en 2020-2021. Elle a commencé à travailler en tant que médiatrice pour la communauté rom en septembre 2021, comme Serghei.
"Je travaille principalement sur l'éducation des enfants roms et j'aide à résoudre des conflits entre les enfants roms et les enfants non roms dans les écoles. Par exemple, au début de cette année scolaire, je me suis rendue dans toutes les écoles où sont inscrits des enfants roms de mon quartier et j'ai demandé aux enseignants de me contacter s'ils devaient se trouver confrontés à une situation de conflit en rapport avec les enfants Roms. Tout le monde se sent immédiatement à l'aise pour parler dans ces conditions, quand un médiateur intervient", explique Inga.
Selon Inga, par le passé, la plupart des enfants roms n'allaient jamais au jardin d'enfants, ce qui les privait d’une forme de préparation pour leur entrée à l'école, plus tard.
Depuis qu’elle a suivi le programme de formation des médiateurs pour la communauté rom, Inga se rend compte de l'importance pour les enfants Roms d’avoir accès à l'éducation. Elle se sent très concernée par l’avenir de ces derniers et elle vérifie souvent les progrès que font les enfants roms vivant dans son quartier, que ce soit à l'école ou au jardin d'enfants.
En plus d'aider les enfants à bénéficier d’une instruction, Inga s’investit dans d’autres missions auprès de la communauté rom pour l’aider à surmonter d’autres défis.
"Les gens viennent me demander de l'aide pour diverses démarches administratives : ils ne savent pas comment remplir un formulaire, à quel organisme s'adresser, ils me demandent de les accompagner auprès de différentes administrations. Bien sûr, si je ne peux pas résoudre le problème et que j'ai besoin d’un savoir-faire particulier, je demande l'aide d'un expert juridique professionnel", détaille Inga.
Lorsque l'équipe de l’ONU en Moldova a demandé à Inga, à la fin de son entretien avec elle, quelles étaient les qualités d'un bon médiateur ou d’une bonne médiatrice, la jeune femme a répondu sans hésiter une seconde : "la gentillesse et l'honnêteté".
"Si une personne n'a pas ces qualités, elle ne pourra jamais comprendre les autres et ne sera jamais capable de les aider".
Cet article est une adaptation réalisée à partir d’un article publié précédemment en anglais sur le site de l'ONU en Moldova. Appui éditorial fourni par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des activités de développement (BCAD). Traduction française réalisée par le BCAD.
Le travail réalisé sur le terrain, en Moldova, pour soutenir la communauté rom s’inscrit dans le cadre du projet baptisé "One UN Joint Action to Strengthen Human Rights in the Transnistrian region of the Republic of Moldova" ("Unité d'action des Nations Unies pour le renforcement des droits de l'homme dans la région de Transnistrie, en République de Moldova", en français), qui est mis en œuvre par six entités de l'ONU : l’OIM, le HCDH, l’ONUSIDA, l’UNICEF, le PNUD et l’ONUDC.
Pour en savoir plus sur l’action menée par l'ONU en Moldova, consultez le site Moldova.UN.org.














